L’obsession de l’espace vide en architecture

espace vide

Mon intérêt pour l’architecture comme système d’usages plutôt que comme construction, mon approche procédurale de la conception et ma passion pour les aspects intangibles et immatériels de la vie, de l’architecture et de la ville m’ont amené à développer dans les dernières années une véritable obsession pour l’espace vide ou, plus précisément, pour l’espace sans architecture.

Il est encore difficile pour moi d’expliquer de manière cohérente comment les différents notions ci-dessus sont liées entre elles, mais je suis convaincu que la cohérence doit d’abord être ressentie pour après pouvoir être expliquée.

Il s’agit quelque part d’une négation de l’architecture en tant qu’objet construit pour questionner l’espace dans sa définition géométrique pure et sa perception psychologique. J’essaie de cerner ces idées par différentes expériences qui ont commencé en 2012 avec le projet de chambre vide à Madrid – QUARTO : A ROOM IN MADRID, qui ont continué avec des réflexions sur le design d’espaces collaboratifs et d’apprentissage et avec un projet de forme paramétrique et espace vide.

Aujourd’hui je continue à rechercher et à essayer de comprendre ces réflexions par un autre projet que j’appelle “Journal d’un espace vide” ou “Journal d’un espace”.

JOURNAL D’UN ESPACE VIDE

“Journal d’un espace vide” est le récit d’une expérience entre un lieu de vie et ses habitants.

Un appartement habité – que l’on appellera “espace blanc” – est progressivement vidé de tous ses objets (mobilier, outils, livres, etc…) jusqu’à atteindre le vide complet après quelques mois.

Le but de cette expérience est l’observation et la narration du vécu émotionnel des habitants tout au long de ce processus.

LES OBJETS SONT L’ANTIMATIÈRE DES RELATIONS

Dans une conception relationnelle du monde, les relations sont au centre de nos activités et de nos intérêts.

Une relation est par définition invisible, immatérielle, intouchable. Elle relie deux entités à travers l’espace.
Si l’espace est encombré d’objets, la transmission des relations est indirecte et perturbée.
Les relations sont l’antimatière des objets.

L’espace vide est ainsi, pour moi, le lieu sacré des relations.

Toute transformation d’un espace entraîne une modification des relations avec et entre ses occupants.
En vidant un logement de tous les objets qui l’encombrent, les relations de ses occupants vont se concentrer progressivement vers les autres occupants ou vers l’espace vide.

Comment la vie peut-elle continuer normalement, ou se transforme-t-elle lorsque son habitat se vide graduellement ?

Journal d’un espace vide est inspiré par ces questions et il vise à produire une retranscription des expériences vécues tant par les habitants que par les lieux eux-mêmes. En effets, s’il est vrai qu’une relation se compose de trois éléments ( deux personnes plus le lien ), l’espace vide est considéré ici comme une quatrième entités relationnelle.

LES HABITANTS

L’appartement idéal pour la réalisation du projet est un appartement parisien occupé par un couple ou une petite famille.
Les participants se sentant installés dans une routine, en quête de nouveauté et peut être d’un changement de vie, verraient donc son appartement se libérer graduellement.

LA PIECE NOIRE

Pendant le processus, les objets seront empaquetés et déménagés dans un lieu qu’on appellera “la pièce noire”.

L’ensemble de ces cartons et meubles seront récupérable à tout moment, mais ceci nécessitera un engagement de la part des habitants. Cet engagement correspond à la quantité d’énergie mise en oeuvre pour récupérer les objets. Si cette quantité d’énergie est trop importante par rapport à l’utilité de l’objet, il n’y aura pas de déplacement et l’objet restera dans la pièce noire.

Autrement, il reviendra dans l’espace blanc pour construire le nouvel aménagement de l’espace.

Tumblr du projet : lejournald-un-espace-vide.tumblr.com
Remerciements : CLAIRESOPHIE BEAU, LENAIK LEE

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *